Dermatose : « Je n’attends pas les indemnités pour remonter mon troupeau »
Après l’abattage de ses 38 vaches laitières en juillet 2025, Nicolas Arpin explique qu’il devra faire des emprunts à court terme pour acheter de nouvelles vaches et supporter les coûts d’élevage, en attendant de toucher des indemnisations de pertes de production promises par l’État.
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« C’était un moment très dur, nous n’étions pas préparés à ça », souffle Nicolas Arpin, éleveur laitier en Haute-Savoie, à Massingy. Il est venu témoigner de l’abattage de ses 38 vaches laitières au Sommet de l’élevage, à l’occasion de la conférence de presse de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) le 7 octobre 2025.
Installés à quelques kilomètres seulement du premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) détecté en France le 29 juin dernier, Nicolas et son associé voient la maladie se déclarer quelques jours après chez eux, le 7 juillet. Après l’abattage, « il y a un vide total », se souvient-il. Grâce à l’aide de l’entourage proche et du réseau syndical Jeunes Agriculteurs (JA), les associés n’assistent pas au chargement des vaches euthanasiées. Nicolas salue le soutien quotidien qu’il a reçu de la part de la profession agricole.
Obligation de prêts bancaires à court terme
La date de repeuplement est fixée au 22 octobre pour la zone réglementée dans laquelle est la ferme. À condition qu’aucun nouveau cas ne se déclare d’ici-là. Problème, l’exploitation ne dispose pas de la trésorerie nécessaire à l’achat d’animaux et d’aliments, en l’absence d’indemnisations de pertes en production laitière. « Nous ne savons pas quand elles tomberont, à cause de l’instabilité politique », souligne Nicolas. Il envisage de contracter un emprunt à la banque à court terme pour remonter un troupeau, sans même savoir combien il sera remboursé par l’État.
Le ministère de l’Agriculture serait encore dans le flou quant aux modalités de calcul des montants d’indemnisation de ces pertes d’exploitation. Ces fonds seraient distribués pendant trois mois à partir de la date de repeuplement, là où « il faudrait les toucher dégressivement pendant trois ans », calcule Nicolas. Remonter un troupeau performant prend du temps, d’autant que les retours d’expérience le prouvent : « La première année, il y a 50 % de réformes, à cause des problèmes d’acclimatation ou des taux élevés de cellules », rapporte le Haut-Savoyard.
Un tiers de collecte en moins
L’exploitation a pour l’instant touché un acompte de 2 100 € par vache laitière perdue, et un complément doit être encore versé après une expertise de la différence entre la valeur réelle et cet acompte. Encore une fois, Nicolas n’a pas de nouvelles à ce sujet.
« Il devrait y avoir suffisamment de vaches pour remonter les troupeaux, mais ça prendra du temps », anticipe-t-il. Et de souligner la grande solidarité des régions limitrophes à ce sujet. Dans son malheur, Nicolas pourra compter sur cinq de ses génisses épargnées, car en pension ailleurs.
Le bilan est lourd aussi pour la petite coopérative productrice de raclette de Savoie qui collecte le lait de l’exploitation. Sur la douzaine de livreurs, six ont dû dire adieu à leur troupeau. Une perte d’un tiers de la collecte totale. Grâce au partenariat déjà existant avec une plus grosse coopérative, des transferts de lait ont lieu entre les deux transformateurs pour optimiser les outils de production.
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